SASU et EURL: comprendre les différences fiscales

Le choix de la structure juridique est une étape cruciale pour tout entrepreneur souhaitant lancer son activité. Parmi les formes d’entreprises individuelles les plus plébiscitées en France, se distinguent notamment la Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) et l’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL). Ces deux statuts présentent des caractéristiques propres, surtout en matière fiscale, qui méritent une analyse approfondie pour un choix éclairé.

Différencier la SASU et l’EURL

La SASU se caractérise par sa flexibilité statutaire et sa fiscalité originale. Elle permet à l’associé unique de bénéficier du régime des salariés pour sa protection sociale, mais aussi de s’affranchir de certaines contraintes liées au droit du travail. D’un point de vue fiscal, la SASU est imposée de plein droit à l’Impôt sur les Sociétés (IS). Cela signifie que les bénéfices sont taxés au niveau de la société avant toute distribution. L’associé unique peut cependant opter pour l’imposition des bénéfices à l’Impôt sur le Revenu (IR) sous certaines conditions et pour une période limitée. Cette option peut être avantageuse dans le cas où les revenus personnels de l’associé sont faibles : elle permet alors de profiter d’un barème progressif potentiellement moins onéreux que le taux fixe de l’IS.

L’EURL offre également des avantages non négligeables. Cette forme juridique permet à son unique associé d’être imposé directement à l’IR sur les bénéfices réalisés, selon le même principe que pour une entreprise individuelle classique. Cela signifie que les profits sont directement rattachés au revenu global du gérant et imposés selon le barème progressif. Toutefois, cette simplicité apparente masque parfois un coût fiscal plus élevé, notamment lorsque l’entreprise génère des bénéfices importants qui propulsent le gérant dans les tranches supérieures d’imposition. Il est aussi possible pour une EURL d’opter pour l’IS, mais cette décision doit être mûrement réfléchie car elle est irréversible.

Les charges sociales constituent également un critère décisif dans le choix entre SASU et EURL. Le président de la SASU cotise sur une base assimilée salariée et ses cotisations sociales sont calculées sur sa rémunération effective. À contrario, dans une EURL soumise à l’IR, le gérant non salarié voit ses cotisations sociales calculées non seulement sur sa rémunération mais aussi sur les bénéfices de la société. Ce système peut vite s’avérer onéreux si la société dégage des profits significatifs.

Cet aspect souligne donc un élément essentiel : la prévision des bénéfices futurs joue un rôle primordial dans le choix du statut juridique. Imaginons une EURL générant un bénéfice annuel conséquent; en restant à l’IR, le gérant pourrait se retrouver avec un taux marginal d’imposition élevé et des cotisations sociales importantes dues aux profits inclus dans le calcul de ses revenus personnels. Si cette même entreprise avait été constituée en SASU optant pour l’IS dès le départ ou après avoir été à l’IR pendant les premières années, elle aurait pu moduler plus librement la rémunération du président et ainsi optimiser son imposition globale.

La transmission de l’entreprise

Il convient également de noter que la transmission d’une entreprise peut être facilitée sous le régime SASU grâce aux pactes Dutreil qui offrent des abattements significatifs sur les droits de donation ou de succession liés aux titres sociaux transmis sous certaines conditions. Dans ce cas précis, bien que l’EURL puisse également bénéficier des mêmes dispositifs sous ses formes juridiques particulières, il est souvent constaté que la flexibilité offerte par la SASU en termes de gouvernance et de transmission séduit davantage certains entrepreneurs.

Lorsqu’il s’agit d’envisager une croissance future ou une ouverture du capital à d’autres associés, là encore, ces deux statuts montrent leurs différences. La transformation d’une EURL en SARL afin d’accueillir de nouveaux associés entraîne généralement des formalités complexes tandis que la SASU peut facilement évoluer vers une SAS pluripersonnelle sans bouleversements majeurs dans son fonctionnement.

Pour conclure, choisir entre SASU et EURL implique une réflexion approfondie sur plusieurs aspects financiers et stratégiques dont la fiscalité occupe une place prépondérante. L’examen attentif du régime fiscal adapté à chaque situation spécifique est indispensable pour assurer non seulement une gestion fiscale optimisée mais aussi pour anticiper l’évolution potentielle de l’entreprise sans subir de contraintes inattendues liées au statut juridique initial.